L ’AUTORISATION accordée à l’Ugtt de la part de la présidence du gouvernement avec l’aval du ministère de la Santé et celui de l’Intérieur est un acte de passe-droit et une entorse « légale » aux mesures sanitaires dans un contexte hautement périlleux pour les participants et pour les habitants de la région de Sousse où est censé se dérouler l’évènement.
Certes, le rendez-vous est trop important pour la Centrale syndicale car il porte sur plusieurs amendements structurels et organisationnels dont la fi nalité ultime est de légitimer un passage en force pour quelques membres de l’équipe actuelle lui permettant de briguer un nouveau mandat, mais cette action intervient à un moment où le pays vit l’un de ses épisodes les plus sombres, à savoir la lutte contre la pandémie. L’on n’épiloguera pas sur les conséquences, dans le futur proche, de ce congrès sur l’édifi ce ouvrier qui va se fi ssurer mais sur le risque sanitaire qui en découlera. Car plus de 600 syndicalistes sont convoqués à cette grand-messe de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) qui aura lieu les 8 et 9 juillet 2021 à Sousse. Et même si l’on se veut rassurant en affi rmant que des mesures drastiques ont été prises pour le respect du protocole sanitaire décrété par les autorités, cette dérogation accordée à la centrale est purement politique. On ferme les yeux et personne n’osera apposer un véto au tout-puissant patron de l’Ugtt qui monte en puissance, de peur de s’attirer les foudres du seul rempart anti-pouvoir encore capable de mobiliser la rue et de mettre en branle les régions. Encore une fois, les calculs politiques entrent en ligne de compte au détriment de la situation sanitaire grave où le système de santé est arrivé au point de rupture et risque de s’effondrer à tout moment. Comment dès lors convaincre les citoyens de tout sacrifi er et de s’emmurer chez eux, d’annuler les rassemblements et les cérémonies de mariage sans que l’Etat ne puisse leur venir en aide de quelque manière que ce soit et de passer sous silence une telle rencontre au format aussi important ? Que dire à tous ces artistes dont la programmation aux festivals a été annulée et à ces milliers d’artisans, de commerçants, de cafetiers, de restaurateurs, de voyagistes et d’autres auxquels on exige une limitation, voire une cessation, d’activité alors qu’on ouvre la voie à l’exception pour d’autres ? A-t-on simplement pris en compte ce pire sentiment que ressent au plus profond de lui-même le citoyen lambda qu’on prend pour le dindon de la farce ? Cet évènement n’aurait-il pas pu être organisé en ligne avec un vote électronique sur ses différentes motions ? Il semble que l’aspect présentiel compte beaucoup et est déterminant pour « garantir » le résultat des urnes. Peu importe le reste.